La garniture a sa forme définitive mais le crin est une matière malléable qui se tasse, il s’agit donc de consolider les bords afin qu’ils ne se déforment pas au fil du temps.
Cette consolidation, appelée « piquage », englobe tous les points de ficelle qui, de passage en passage, vont raffermir les bords de la garniture en réalisant un « bourrelet » très dur sur la carre. Les séries de points vont donc connaître une progression dans leur serrage, pour finir aussi serré que possible.
Le piquage des angles
La quantité de crin doit être suffisante dans l’angle ou le coin.
La pointe supérieure du coin doit légèrement déborder l’aplomb de la garniture.
Pour tracer l’emplacement du piquage, mesurer la hauteur de l’angle et reporter cette mesure à l’horizontale le long des semences pour obtenir un angle de 45°.
Sur le dessus, tracer la bissectrice de l’angle du coin jusqu’au point de fond.
Commencer par l’un des côtés au ras des semences,
Remonter vers le point de fond et ressortir à 1 cm de celui-ci,
Faire un point puis descendre près du premier point,
Faire un nœud et repiquer dans le même trou pour rentrer le nœud,
Remonter, piquer et descendre de l’autre côté de l’angle,
Piquer ensuite d’un côté et de l’autre,
Poursuivre jusqu’à la pointe du coin et l’arrêter à l’extrémité,
Terminer sur la hauteur par un point de chaînette,
Réaliser un point de renfort sur la surface large de l’angle.
Le piquage du point droit
Presque toutes les formes de garniture nécessitent plusieurs rangs de points de piquage mais le nombre de rangs va varier en fonction de la hauteur de la garniture et des styles des sièges.
Ainsi, pour un siège Louis XV, deux points droits peuvent suffire alors qu’il peut être nécessaire d’en réaliser quatre à cinq pour un siège Empire. Généralement, les premiers rangs du piquage sont faits à points avant et le dernier en forme de bourrelet à points arrière noués.
Le piquage du point avant se fait en quinconce sur la hauteur et sur le dessus de la garniture.
Le piquage se réalise de gauche à droite pour un droitier et inversement pour un gaucher.
La première rangée de piquage se fait au ras des semences en commençant toujours le premier point contre le coin ou les taquets.
On repère la longueur des points sur le dessus et sur la hauteur de la garniture en comptant le nombre de fils (environ 10) et en suivant le droit fil ou la parallèle à la forme du bois.
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On commence le premier point contre le piquage du coin puis on suit le cheminement
1 – 2 – 3 – 4 (comme indiqué sur le schéma) avant de reprendre une série 5 – 6 – 7 – 8.
Les points doivent être serrés mais sans exagération et il convient de surveiller la régularité de la garniture lors de l’exécution du travail.
Le piquage se fait progressivement : on réalise une première rangée sur chaque côté puis la seconde rangée se fait en quinconce par rapport aux points de la première et ainsi de suite.
Le piquage du point arrière
Le point arrière termine la garniture et permet d’obtenir une ligne sans défauts.
Il se nomme également « point de bourrelet ».
La grosseur du bourrelet varie selon le style du siège.
Pour former un beau bourrelet, les points doivent être réguliers et fortement serrés. Ils sont de fait plus petits que les points avant (environ 5 fils).
Le piquage débute contre le coin ou les taquets en faisant un premier point serré par un nœud coulant avec une longueur de ficelle pas trop importante qui permet de la tirer en une seule fois.
Le piquage se fait de gauche à droite pour un droitier et inversement pour un gaucher.
Le point en lame de couteau
Les garnitures de style Louis XVI, Directoire ou Empire peuvent nécessiter un travail plus façonné permettant d’obtenir une arête vive sur la carre du bourrelet. Pour ce faire, on réalise un point en lame de couteau (environ 3 fils).
Ce point est assez délicat et nécessite de la minutie mais il permet une finition particulièrement nette. Il peut être utilisé également pour les angles.
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Le point dedans ou point perdu
Ce point est utilisé pour attirer le crin sur le bord de la garniture. Il est particulièrement approprié pour les dossiers (médaillons, dos Louis XV) et est utilisé pour les garnitures « en goutte de suif ». Le point perdu n’est pas apparent sur le dessus de la garniture.
le carrelet est piqué au ras du rabattage puis est ressorti sur le dessus de la garniture à environ 2 cm plus loin que nécessaire pour la formation du bourrelet ; la ficelle et le carrelet sont dégagés ;
le chas du carrelet est ensuite engagé et glissé entre les mêmes fils que la sortie de ficelle ; le carrelet est glissé chas en avant entre la toile et le crin puis est ressorti 3 à 4 cm plus loin ; la ficelle et le carrelet sont dégagés ;
le carrelet est piqué pointe en avant entre les mêmes fils que la sortie de ficelle et est ressorti au ras du rabattage.
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Le point échelle
Le point échelle est utilisé par nombre de tapissiers car il remplace deux points avant. Il permet ainsi de gagner beaucoup de temps mais il n’est pas très solide et déforme la toile au façonnage.
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